Le panafricanisme, en tant qu’idéal noble, s’est toujours voulu un projet d’émancipation et de dignité pour les peuples africains. Il porte l’ambition d’une Afrique unie, souveraine et prospère. Mais, ces dernières années, un phénomène inquiétant s’installe : l’émergence de « faux panafricanistes », davantage préoccupés par leurs intérêts personnels que par la cause collective.
Nombreux sont aujourd’hui ceux qui brandissent le discours panafricaniste comme un label de popularité. Sous prétexte de défendre les peuples, certains se construisent une image de « résistants » ou de « patriotes », alors qu’en réalité, ils recherchent une seule chose : une place au soleil. Derrière les envolées verbales contre l’Occident ou contre les élites locales, se cachent souvent des ambitions de carrière, des calculs politiques ou simplement la quête d’un gagne-pain.
Au lieu de s’inscrire dans une démarche constructive pour bâtir l’Afrique de demain, ces acteurs préfèrent surfer sur la vague émotionnelle du moment. Ils multiplient les discours tapageurs, exploitent la misère sociale, attisent les rancunes historiques, mais sans jamais proposer de solutions concrètes. Dès qu’une opportunité se présente, un poste, une nomination, ou une rente politique, beaucoup troquent aussitôt leurs convictions proclamées contre les privilèges recherchés.
Cette instrumentalisation décrédibilise le combat des véritables panafricanistes. Elle jette l’opprobre sur une cause qui devrait pourtant rassembler. Elle contribue à détourner la jeunesse de la réflexion critique et alimente une désillusion grandissante. Le panafricanisme mérite mieux que des slogans creux.
L’histoire ne retiendra pas le nom de ceux qui auront utilisé le panafricanisme comme un simple ticket d’entrée aux privilèges, mais ceux qui auront réellement œuvré à la renaissance du continent.
Aimé JERRY
