Au Niger, l’armée a annoncé avoir neutralisé Bakoura, un important chef du groupe terroriste Boko Haram. Aucune image n’a pour l’instant été diffusée, mais selon le bulletin des forces de défense et de sécurité nigériennes, diffusé le jeudi 21 août au soir, l’opération a été menée la semaine dernière sur l’île de Shilawa, dans la région de Diffa, dans le sud-est du Niger. L’armée évoque trois frappes aériennes ciblées. Elle présente Bakoura comme étant originaire du Nigeria et associé à plusieurs attaques, ainsi qu’à l’enlèvement de plus de 300 élèves l’an dernier à Kouriga.
Des experts ont appelé, vendredi 22 août, à la prudence au lendemain de la mort du chef du groupe jihadiste Boko Haram, annoncée par l’armée nigérienne, qui affirme l’avoir tué le 15 août lors d’une frappe aérienne dans le bassin du lac Tchad.
« Il faut être très prudent. On avait annoncé plusieurs fois la mort de Abubakar Shekau. Plusieurs fois la mort de Abou Moussab al-Barnawi et d’autres responsables jihadistes importants. Si c’est vrai, c’est un leader important », souligne Vincent Foucher, chercheur français du CNRS et spécialiste de Boko Haram au micro de RFI.
« C’est le chef d’une des deux grandes factions de Boko Haram et c’est celui qui avait supervisé, au fond, une espèce de réveil de cette faction « Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad » (JAS) », précise Vincent Foucher.
Au cœur des années 2010, le chef de Boko Haram à l’époque, Abubakar Shekau avait été plusieurs fois annoncé mort avant de réapparaître régulièrement dans des vidéos. Shekau était finalement décédé en 2021 et Bakoura l’avait remplacé à la tête de Boko Haram.
« Après la mort de Shekau, la faction JAS avait connu des difficultés face à l’autre faction liée à l’État islamique qui était en position de force, et Bakoura, au fond, a rénové un peu la faction, a notamment organisé un système fiscal, a essayé un peu de rationaliser un certain nombre de pratiques et avait réussi à relancer la faction.
Alors, Bakoura a organisé un régime très personnel de commandement. On n’est pas du tout face à un leadership collectif comme dans l’autre faction, la faction liée à l’État islamique.
Et donc sa mort, elle va avoir des effets profonds. Les luttes de succession après la mort de Shekau au sein du mouvement JAS avaient été importantes, et on pourrait tout à fait imaginer des tensions internes.
C’est aussi un mouvement qui, géographiquement, est un peu dispersé, donc on pourrait tout à fait imaginer des scissions au sein du mouvement à l’occasion de cette succession très incertaine. »
Dans un message audio transmis à l’Agence France Presse par une source sécuritaire de la région du lac Tchad, un lieutenant de « Bakoura », a affirmé que la nouvelle de sa mort était « complètement fausse ». « Je suis actuellement avec lui, nous sommes ensemble », a-t-il ajouté en langue hausa, qualifiant de « propagande » cette annonce.