Entretien avec le Directeur pays de Swisscontact : Emmanuel Bossenec parle des activités de Swisscontact au Bénin 

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 («Swisscontact n’est pas là pour apporter des solutions, mais plutôt au service des acteurs dans le système de manière que les solutions viennent d’eux»)

Au lendemain du partenariat de l’ ONG Swisscontact avec la Chambre des métiers de l’ artisanat au Bénin, votre journal s’est rapproché du Directeur pays de Swisscontact qui a accepté de lever un coin de voile sur les activités de l’ ONG au Bénin. Emmanuel Bossenec  explique les dynamiques ainsi que les approches à amener les acteurs à trouver les solutions eux-mêmes aux difficultés auxquelles ils sont confrontés. Entretien.

 

Les 4 Vérités: Présentez-vous à nos lecteurs.

Emmanuel Bossenec: Je suis Emmanuel Bossenec, directeur pays de l’ ONG Swisscontact au Bénin. J’ai pris fonction en octobre 2023. Je travaille à renforcer le portefeuille de Swisscontact. 

 

Faites-nous mieux connaître l’ ONG Swisscontact

 

Swisscontact est est une organisation non gouvernementale internationale née en Suisse en 1959 à l’initiative de quelques acteurs industriels suisses importants tels que Novartis, Nestlé, de grosses entreprises qui souhaitent développer des compétences dans les pays du Sud où ils voyaient des opportunités. Petit à petit Swisscontact est devenue une ONG classique de taille moyenne. Elle est présente dans une quarantaine de pays avec à peu près 1200 collaborateurs. Au Bénin,  on est présent depuis 2002 principalement dans le secteur de la formation professionnelle, de l’artisanat et de l’appui au secteur agricole.

 

Peut-on avoir une idée des projets qui sont en cours actuellement?

 

 Nous avons actuellement trois projets qui sont en cours, un premier projet qui est le PASDER, Projet d’appui au secteur du développement rural qui est dans sa troisième phase . C’est un programme qui est financé par la coopération suisse. La troisième phase a commencé en 2021 et doit se terminer en 2024 avec une prolongation d’un an qui court jusqu’à la fin du mois d’avril 2025. C’est un programme qui couvre les 4 départements du Nord Bénin avec un objectif d’appuyer les exploitations familiales agricoles pour une dizaine de cultures et également les organisations socio-professionnelles d’agriculteurs et d’éleveurs. Pour les filières concernées, il y a la mangue, le soja , le maïs, le manioc, le riz, le maréchage, l’élevage. Le programme est en train de se terminer, on a, à peu près 70.000 producteurs, par exploitation familiale paysane qui ont été impactés par le projet. On est en train de terminer les derniers travaux d’infrastructures qui vont être remises aux organisations avant la fin du mois d’avril. 

Le deuxième programme est également financé par la coopération suisse pour le compte de 4 départements du Nord et qui s’appelle FORCE, Formation de renforcement de capacités pour l’emploi, la première phase qui a démarré en 2022 et se terminera en 2026 avec objectif qui est de travailler sur l’amélioration de la formation professionnelle dans ces 4 départements pour permettre d’accueillir plus de jeunes dans la formation professionnelle et de les accompagner vers la certification mais aussi d’impliquer davantage le secteur privé dans la mise en œuvre de la formation professionnelle à toutes les étapes que ce soit la conception des curicula, la mise en œuvre des formations, le processus de certification. 

Un troisième projet qui est le projet maison financé sur fonds propres, c’est un projet laboratoire pour expérimenter de nouvelles approches, de nouvelles solutions, des innovations de manière à pouvoir renforcer notre portefeuille, créer de nouvelles possibilités. C’est Beninclusif qui est dans sa deuxième phase, la première phase 2021 – 2024 , deuxième phase 2025-2028 avec deux secteurs, pisciculture et le secteur de la production d’agrumes. Il est expérimenté dans les départements du Sud du Bénin. L’idée c’est l’expérimentation de l’adaptation des exploitations aux changements climatiques pour améliorer les pratiques agroécologiques. Il convient aussi d’améliorer la capacité technique des exploitations en associant des pratiques agroécologiques avec de l’accompagnement de renforcement des compétences. Ça, c’est le premier volet.

Le deuxième volet du projet, c’est de développer des instruments financiers adaptés notamment le secteur des micros finances qui permettent à ces producteurs de s’équiper et d’adopter ces pratiques innovantes. Il existe un volet qui permet de travailler sur la formation environnementale et le journalisme environnemental à travers des systèmes d’information sur la météo, sur les éventuels risques et catastrophes. Le journalisme environnemental qui permet de développer des médias en ligne avec de l’information et de la sensibilisation pour aider les usagers et les producteurs à mieux comprendre les impacts des changements climatiques. Dernier volet sur la structuration, la gouvernance. Voilà nos trois projets et l’objectif c’est de développer le portefeuille de projets, de consolider nos positions dans les secteurs déjà présents, formation professionnelle, agriculture, artisanat. Mais, Swisscontact c’est le développement aussi du secteur privé, c’est un peu notre spécificité. Quand on dit secteur privé, ça inclut les exploitations paysannes, le secteur informel, du coût je regarde assez large le développement du secteur privé. 

 

Quels sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés dans le cadre de la mise en œuvre de tous ces projets ? 

 

La difficulté, c’est le contexte international actuel. Les sources de financement classique de la coopération bilatérale ont tendance à diminuer , en même temps de plus en plus de concurrence. Donc, il faut réussir à devenir compétitif et à montrer des résultats qui permettent de démontrer notre expertise, notre capacité à intervenir dans des zones complexes, ce ne sont pas des difficultés en tant que telles mais c’est un défi pour lequel nous devons prendre conscience en permanence. Il faut revoir nos stratégies qui nous aideraient à développer notre portefeuille et à changer notre modèle économique. Nous sommes en contact avec d’autres acteurs qui représentent des fonds d’investissement, des institutions de financement de développement.

Une autre difficulté , c’est que Swisscontact a une approche de développement qui consiste à accompagner les dynamiques des acteurs dans les dynamiques économiques.

 

Quel appel avez-vous à lancer?

 Swisscontact n’est pas là pour apporter des solutions mais plutôt au service des acteurs dans le système de manière que les solutions viennent d’eux. Nous sommes là pour les soutenir et les accompagner. Il faut trouver comment les solutions peuvent fonctionner en minimisant notre apport. Ce n’est pas à nous de leur dicter des solutions. Nous devons nous mettre ensemble autour de la table pour construire les dynamiques. Voilà ce que je peux lancer comme appel. 

 

Propos recueillis et transcrits par Adrien HOUNVENOU