Bénin : « La démocratie béninoise est à nouveau en marche », dixit Michel Alokpo

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La démocratie béninoise est à nouveau en marche, dixit Michel Alokpo qui appelle les députés à voter une loi contre la transhumance politique et une loi d’amnistie pour gracier les opposants  qui sont jetés en prison. Il lance cet appel quelques instants après l’annonce par la Commission électorale nationale autonome (Céna), ce mercredi, des résultats provisoires des législatives du dimanche 8 janvier. Les 109 députés élus provisoirement à l’Assemblée nationale sont connus. Selon les chiffres divulgués par la Commission, la mouvance présidentielle conserve sa majorité au Parlement avec 81 députés, mais l’opposition y fait son retour avec la présence des élus du parti Les Démocrates (LD) qui remporte provisoirement 28 sièges, selon la Céna.

(Il appelle la 9è législature à voter une loi contre la transhumance politique et une loi d’amnistie pour gracier les opposants jetés en prison)

Michel Alokpo s’est prononcé sur les législatives de 2023, aussitôt après les résultats provisoires de la Cena. « Le Bénin vient d’étonner une fois encore le monde. La démocratie béninoise est à nouveau en marche. Je voudrais remercier le vaillant peuple béninois qui s’est réveillé et qui a compris qu’il faut que tout change véritablement dans notre pays le Bénin », fait-il savoir. Monsieur Alokpo salue également « le courage et la détermination du Docteur Thomas Boni Yayi qui a permis à l’opposition de s’activer sur le terrain. Mes salutations vont également au président Patrice Athanase Guillaume Talon pour son sens d’ouverture ». Il ajoute que « Si le président (Talon, ndlr) n’était pas ouvert, ces élections ne seraient pas inclusives ». Michel Alokpo a été point focal de ces législatives 2023. A l’en croire, « ces élections ont été bien déroulées. C’est une élection transparente », dit-il.

Parlant des constats faits en ce qui concerne les législatives de 2023, Michel Alokpo indique : « Nous avons noté un faible taux de participation des électeurs, ce qui montre que la population est dégoûtée de la chose politique. Il y a le manque d’éthique au sein de la classe politique avec le phénomène de la transhumance que nous avons connu avant les élections ».

A la question de savoir les leçons qu’on peut tirer des élections législatives du 8 janvier 2023, Michel Alokpo s’est fait clair. « Nous pouvons dire que ce scrutin a été libre et transparent. Et nous pouvons constater que ce n’est pas toujours l’argent qui fait gagner les élections parce-que ce qui s’est passé au cours de ces élections, l’argent n’a pas trop circulé mais les Béninois se sont exprimés de façon volontaire. Ils ont joué leur rôle de Béninois patriotes pour que nous puissions avoir une vraie opposition au niveau de l’Assemblée nationale ». Autre leçon à tirer du scrutin législatif, « le mauvais positionnement a joué contre certains partis politiques », dit-il. Il fait savoir, à titre d’exemple que « dans le littoral où je pensais que l’Upr allait rafler plus de sièges, ça a été le contraire ». Michel Alokpo n’occulte pas la réforme du système partisan de Patrice Talon qui, dit-il, « a porté ses fruits ». « Les petits partis qui se sont engagés dans ces élections n’ont pas pu avoir les 10%. Et déjà je salue cette réforme de Patrice Talon qui a fait que progressivement nous allons avoir 2, 3 ou 4 partis au plus au Bénin ».

L’opposition est de retour à l’Assemblée nationale. « Le Bénin est fier d’avoir une vraie opposition aujourd’hui, à travers Les Démocrates ». La leçon que tire Michel Alokpo de cette présence de l’opposition, « nous allons voir qu’au sein de la nouvelle assemblée nationale, la 9ème législature, nous n’aurons plus une législature monocolore. Nous avons une opposition qui va jouer son rôle d’opposition au sein de l’assemblée nationale », souligne-t-il. E, plus de la présence de l’opposition à l’assemblée nationale, Michel Alokpo pense qu’il « faut que le président ( Talon, ndlr) soit à l’écoute de son peuple ». Le président Talon a toujours sa majorité à l’Assemblée nationale et cette majorité peut lui permettre de continuer ses réformes. « Le nombre de députés que l’opposition a, ne peut pas bloquer le processus des réformes. Dieu n’a pas voulu que cela se passe ainsi, mais il est aussi bon que le président ( Talon, ndlr) ou le gouvernement actuel soit à l’écoute du peuple », exhorte Michel Alokpo.

Il fait quelques recommandations: «  il va falloir que les députés votent une loi contre la transhumance politique ». Michel Alokpo fait cette recommandation à cause de « la scène à laquelle le peuple a assisté à la veille des élections entre UPR et BR ». Pour Michel Alokpo, «  cela n’honore pas notre démocratie ». C’est pourquoi monsieur Alokpo insiste : « Tant qu’on ne va pas voter une loi contre la transhumance politique, notre politique manque d’éthique et il est important que cette loi soit voté et que le code électoral en prévoit.

Une autre recommandation de monsieur Alokpo: « Il est important que l’assemblée nationale vote une loi d’amnistie pour gracier les opposants, ceux qui sont jetés en prison. Le peuple attend cela, c’est important », dit-il. « Si cela ne se passe pas, en 2026, ça va être dur pour la mouvance…Pour les prochaines élections de 2026, il y aura des élections municipales, législatives et présidentielles. L’engouement va doubler. Le peuple béninois se réveille davantage », prévient-il. « Les gens ne croyaient pas que l’opposition peut avoir quelques sièges à l’assemblée c’est pourquoi,  ils ne sont pas sortis pour voter. Ils croyaient que ce qui se passait habituellement va encore se passer ».

A la question de savoir s’il est encore possible que les suffrages soient volés, Michel Alokpo répond par la négative. « Non, cela est impossible avec le système mis en marche par le code électoral. Moi j’ai été point focal et il ne peut plus y avoir de fraude sur le remplissage des feuilles de dépouillement ni sur la compilation des résultats. Sauf s’il y a bourrage d’urne, et cela ne peut se passer que dans une maison, pas sur le lieu de vote. Vous avez vu ce qui s’est passé à Bantè et Tchaourou où on a mis la main sur des chefs d’arrondissement. Bourrage d’urne aujourd’hui, c’est compliqué. Il n’y a pas de manipulation possible. Celui qui a exprimé sa voix, la CENA ne peut que lui donner raison. Sauf la Cour constitutionnelle qui puisse corriger les bulletins nuls. S’il arrive que la Cour constitutionnelle rétablit 10.000 bulletins nuls, ça va jouer et ça va donner l’avantage à un parti contre un autre parti », dit-il.

Pour certains, il faut un dialogue politique à nouveau au Bénin. Michel Alokpo pense qu’ « On n’est plus à l’étape du dialogue. Le dialogue va se jouer au niveau de l’assemblée nationale. Le dialogue peut être joué si cette loi d’amnistie a été votée. Ça va crédibiliser le gouvernement actuel. Ça va même ramener plus de paix dans le pays », selon monsieur Alokpo. Entre l’ancien président du Bénin, Boni Yayi et son successeur Patrice Talon, ça va pour le mieuxn selon Michel Alokpo. « Si Talon n’a pas positionné Boni Yayi comme médiateur en Guinée Conakry, il ne pouvait pas jouer ce rôle. Je pense que le courant passe très bien entre Yayi Boni et le président Talon et que dans le Nord, au centre et dans les Collines, ce qui s’est passé en 2019  ne s’est pas produit cette fois-ci. Tout s’est déroulé dans l’ordre, la quiétude et nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu pour ce que nous avons vécu », se réjouit Michel Alokpo.

« Je suis heureux de vous le dire. Notre pays a grandi. C’est un renouveau démocratique que nous sommes en train de vivre actuellement. La démocratie béninoise est à nouveau en marche », conclut Michel Alokpo.

Réalisation : E.A.T & Firmin KOUWAFIN