Cour constitutionnelle du Benin : De vraies raisons de la démission de Joseph Djogbénou

Actualités

Sans surprise pour les initiés, la nouvelle de la démission de Joseph Fifamè DJOGBENOU de la présidence de la Cour constitutionnelle a cristallisé le débat dans le landerneau politique depuis hier. Sa prise de parole à la cérémonie de passation de service à son vice-président qui assumera son intérim n’aura pas le mérite de révéler aux observateurs du microcosme, les mobiles de son départ. Mais en attendant, les indiscrétions du gotha politique béninois peuvent permettre des conjectures. Où va ce tsar du régime Patrice TALON ? Qui le soutient ?

La démission de DJOGBENOU à un an de la fin de son mandat ne peut pas laisser indifférent. Les 07 sages ne couvent pas une crise à l’interne, leur président dont le cordon ombilical se trouve au Palais de la République jusqu’à sa démission les faveurs du pouvoir. Il est difficile ne pas voir Patrice TALON en toile de fond cette démission. Tandis que « certains seigneurs » du régime informent en sourdine d’une contrainte, certains analystes y voient le déroulement d’un plan politique. Une certitude : ce sont ses ambitions politiques qui ont acté son départ.

*La thèse UP*
La décision de Bruno AMOUSSOU de se retirer de la tête de l’Union Progressiste (UP) serait le déclic de la mise en œuvre du plan de Joseph Fifamè DJOGBENOU. Un président d’institution, membre de ce parti et obnubilé par le renouvellement de son mandat, consulté à l’effet de remplacer le Renard Djakotomey aurait décliné l’offre. Pour lui, il s’agit d’un piège posé pour lui arracher son bifteck et faire place à un « Renardeau ». Partant la donne DJOGBENOU dont les ambitions sont claires depuis 2015 est mise sur le tapis. En clair, cet « ancien membre » de l’UP pourrait reprendre la tête du parti…un fer de lance dans la mise en œuvre de son agenda politique. Ainsi il se vêtira à nouveau de son manteau politique. Djogbénou pourra, au sein de sa formation politique, être un acteur clé de la confection de la liste et des manœuvres dans le cadre des joutes législatives de janvier 2023. Pour le faire, c’est maintenant, à six mois environ, qu’il faut quitter cette institution où il a une obligation de réserve.

2026, l’objectif final…
Mélanges en l’honneur de ses prédécesseurs à la Cour constitutionnelle, têtes à têtes avec des chefs traditionnelles (Dah) du pays fon (son ère culturelle), échanges avec les dinosaures du damier politique, consultations secrètes de divers groupes du plateau d’Abomey…L’activisme de cet avocat marqué de la politique béninoise n’est plus à démontrer. Joseph Fifamè DJOGBENOU peine à voiler ses ambitions de succéder à Patrice TALON dont il est un des géniteurs de son pouvoir.
Son ambition de briguer la magistrature suprême n’est qu’un secret de polichinelle. On se souvient qu’en 2015, « Alternative Citoyenne » son parti d’alors l’avait investi candidat à la présidentielle de 2016 avant que le positionnement de Patrice TALON ne l’emporte. Du le pré carré de ce jeune loup aux dents longues, on fuite qu’il n’a jamais ses ambitions sous boisseaux. Partant, tout se fait en fonction de ce but ultime. C’est pourquoi selon des « visiteurs du soir » du Président de la République, il fallait libérer cet outrecuidant qui lorgne le « trône du roi de son vivant ». D’autres janissaires du pouvoir connaitront le même sort dans les semaines à venir.

*Des questions en suspens*
Il y a-t-il rupture des amarres entre DJOGBENOU et TALON ? Le premier est-il déchargé pour mieux s’aguerrir afin d’aborder les effluves de la succession en mai 2026 ? DJOGBENOU sera -t-il le dauphin ? A-t-il les moyens de coller les morceaux épars face au phénomène de l’ethnicisation du débat qui malheureusement caractérise les élections au Bénin ? Peut-il garantir les acquis et assurer les arrières du régime après TALON ? Autant d’interrogations que se posent déjà les analystes.
Une certitude, cette démission lance un grenouillage dans les coteries et aiguisera les ambitions pour que 2026 soit plein de suspenses.

Avec Raoul HOUNSOUNOU