Boni Yayi vient d’inaugurer un nouveau chapitre de son incohérence politique. Quelques jours après sa rencontre avec Patrice Talon, il déclare, depuis l’étranger, qu’il y est allé en tant qu’ancien Président de la République. Il évoque un prétendu plan de déstabilisation du parti LD et de la démocratie béninoise, orchestré, selon lui, par le régime en place.
En relisant son message vidéo, je ne vois que de l’inconséquence. Un ancien président qui choisit de plonger à nouveau dans l’arène politique en prenant la tête d’un parti mais qui n’est pas prêt à assumer les responsabilités afférentes à cette option , pourtant délibérée. Le voilà qui fuit les conséquences de son propre échec. Son parti, vendu un temps, comme fort, comme parti du peuple…., se trouve aujourd’hui en déconfiture. Quand ça l’arrange, Yayi se présente en Président du parti LD. Quand ça ne l’arrange plus, il se réclame ancien Président. Les incohérences s’accumulent.
Il a conduit le processus chaotique de désignation du duo-candidat LD, entrainant minutieusement même à la disqualification du parti pour non-respect des exigences. À l’approche d’une décision cruciale de la Cour Constitutionnelle, il demande une rencontre avec Patrice Talon. Puis, peu après, alors que son silence est critiqué, il sort et explique qu’il n’était là qu’en tant qu’ancien Président. C’est trop facile ! C’est de l’inconséquence.
Quand Yayi est convoqué pour ses actes en tant que président du parti, peut-il se présenter comme ancien Président de la République ? Comment le peuple peut-il savoir qui agit vraiment ?
L’inconséquence va plus loin. Alors que son candidat, Renaud Agbodjo, abandonne tout et tous en plein chaos, Yayi ne reconnaît pas son incapacité à gérer son équipe. Il nie l’existence les dysfonctionnements internes au parti , dysfonctionnements que plusieurs de ses camarades politiques ont pourtant dénoncés publiquement. Renaud Agbodjo, Eric Houndété, Saka Fikara, Michel Sodjinou… Tous ont alerté sur la situation et ont indexé cette cacophonie qui règne au sein de la famille Les Démocrates. Yayi préfère désigner le régime Talon comme responsable de ses déboires.
Encore une fois, on se demande : qui parle dans ce message ? Boni Yayi, Président de LD ou Boni Yayi, ancien Chef d’État ? Ce flou ne fait qu’alimenter la confusion qui règne depuis trop longtemps. Comment le peuple s’y retrouve, quand c’est après coup que Boni Yayi informe l’opinion publique du manteau sous lequel il a dit , il a fait ça?
Je rends hommage à Wilfried Léandre Houngbédji, qui avait prédit dès le début, que Yayi, en prenant la présidence du parti LD, devait accepter d’être traité comme tel. Aujourd’hui, il est évident qu’il ne sait pas gérer les conséquences de ses propres incohérences. Que de désillusions avec lui !
Opinion de Jules Léandre KITI
